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vous gronde d’avoir tardé, vous pouvez très-légitimement dire que vous n’êtes pas venu plus tôt parce que vous ne saviez pas ce qu’on vous voulait.

Quand vous êtes grondé pour une faute, en sortant de la chambre et en redescendant, murmurez assez haut pour être bien entendu ; cela fera croire que vous êtes innocent.

Quelle que soit la visite qui vienne en l’absence de votre maître ou maîtresse, ne chargez jamais votre mémoire du nom de la personne ; vous avez, ma foi, bien d’autres choses à vous rappeler. D’ailleurs, c’est une besogne de portier, et c’est la faute de votre maître s’il n’en a point. Et qui peut se souvenir des noms ? vous auriez certainement fait quelque méprise, et vous ne savez ni lire, ni écrire.

S’il est possible, ne faites jamais de mensonge à votre maître et maîtresse, à moins d’avoir l’espérance qu’ils ne pourront pas le découvrir avant une demi-heure. Quand un domestique est renvoyé, il faut raconter tous ses méfaits, quoique la plupart ne soient pas connus de son maître ou de sa maîtresse, et tout ce que les autres ont fait de mal doit lui être imputé. Et lorsqu’on vous demandera pourquoi vous n’en avez pas averti, la réponse est : Monsieur, ou Madame, réellement j’avais peur de vous fâcher ; et puis vous auriez peut-être cru que c’était méchanceté de ma part. Lorsqu’il y a des enfants dans une maison, ils sont ordinairement de grands obstacles à ce que les domestiques s’amusent ; le seul remède est de les gagner avec