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vos adieux à un cher cousin qui doit être pendu samedi prochain ; vous vous êtes donné une entorse au pied contre une pierre, et vous avez été forcé de rester trois heures dans une boutique avant de pouvoir faire un pas ; on vous a jeté quelque chose de sale d’une mansarde, et vous avez eu honte de rentrer avant d’être nettoyé et que l’odeur soit partie ; vous avez été pressé pour le service maritime, et mené devant un juge de paix, qui vous a gardé trois heures avant de vous interroger, et vous avez eu beaucoup de peine à vous en tirer ; un recors, par méprise, vous a arrêté comme débiteur et vous a tenu toute la soirée en prison chez lui ; on vous a dit que votre maître était allé à une taverne et qu’il lui était arrivé un malheur, et votre douleur a été si grande, que vous avez demandé Son Honneur à une centaine de tavernes entre Pall-Mall et Temple-Bar.

Prenez le parti de tous les marchands contre votre maître, et quand on vous envoie acheter quelque chose, ne marchandez jamais, mais payez généreusement tout ce qu’on demande. Ceci tourne grandement à l’honneur de votre maître, et peut vous mettre quelques shillings en poche ; et vous devez considérer que si votre maître a payé trop, il peut mieux supporter cette perte qu’un pauvre boutiquier.

Ne vous soumettez jamais à remuer un doigt pour aucune besogne autre que celle pour laquelle vous avez été particulièrement engagé. Par exemple, si le groom est ivre, ou absent, et que le butler