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nous faire croire qu’il est en vie. Il y dit que non-seulement il est en vie maintenant, mais qu’il était également en vie ce même 29 de mars où j’avais prédit qu’il mourrait : par là, il émet l’opinion qu’un homme peut être maintenant en vie, qui n’était pas en vie il y a un an. Et en effet, là gît le sophisme de son argument. Il n’ose avouer qu’il a toujours été en vie depuis ce 29 de mars, mais il dit qu’il est en vie maintenant, et qu’il l’était ce jour-là. J’accorde ce dernier point ; car il n’est mort que le soir, comme on le voit d’après la relation imprimée de sa mort dans une lettre à un lord ; et s’il a ressuscité depuis, je laisse le monde en juger. C’est une parfaite dispute de mots, et j’aurais honte de m’y arrêter plus longtemps.

Cinquièmement. Je demanderai à M. Partridge lui-même, s’il est probable que j’eusse pu être assez mal avisé pour commencer mes prédictions par la seule fausseté qu’on ait jamais prétendu y avoir trouvée ? et c’est là une affaire qui se passe ici, où j’avais tant de moyens d’être exact, et qui devait donner tant d’avantages contre moi à une personne de l’esprit et du savoir de M. Partridge, qui, s’il avait pu soulever une seule objection de plus contre la vérité de mes prophéties, ne m’aurait guère épargné.

Et ici je dois profiter de l’occasion pour blâmer le susdit rédacteur de la relation de la mort de M. Partridge dans une lettre à un lord, qui s’est plu à m’accuser d’une méprise de quatre heures