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d’autres l’avaient par calcul, un pied dans chacun des camps entre lesquels est divisée l’Angleterre. Comme partisan de la liberté, il est avec les whigs ; comme partisan de la haute Église, il est avec les torys.

Ce prêtre écrit en faveur de la religion anglicane un ouvrage considéré par ceux même qu’il défend comme irreligieux ; et cet ouvrage, qui lui ouvre le chemin de la renommée, lui ferme celui de l’épiscopat et de la Chambre des lords.

Ce vicaire, qui ne peut arriver à rien, obtient pour les autres tout ce qu’il demande. Ce curé de campagne, dans le pays le plus respectueux du rang et de la richesse, sans autre point d’appui que son mérite personnel et la force de sa volonté, fait plier devant lui tout ce qu’il y a de plus considérable à la ville et à la cour ; pousse l’amour de l’indépendance et de l’égalité jusqu’au despotisme, et devient hypocrite par horreur de l’hypocrisie : un hypocrite renversé, comme disait de lui lord Bolingbroke, c’est-à-dire feignant le mal de peur d’être soupçonné de feindre le bien ; se cachant pour faire ses dévotions ; et à la fois grossier et délicat, ou plutôt grossier par dé-