Page:Swift - Opuscules humoristiques - Wailly - 1859.djvu/171

Cette page a été validée par deux contributeurs.

famille ou à lui-même quelque malheur dont il soit honteux, elles seront sûres d’y faire des allusions transparentes sans aucune provocation. Je vous recommande de vous lier avec une prostituée plutôt qu’avec de pareilles mégères. J’ai souvent pensé qu’aucun homme n’est obligé de tenir de telles créatures pour des femmes, et qu’il peut les traiter comme d’insolents drôles qui en ont pris le costume, et qu’on devrait en dépouiller et chasser à coups de pieds.

J’ajouterai une seule chose, quoiqu’elle ne soit guère à sa place, qui est de désirer que vous appreniez à apprécier et à estimer votre mari pour les bonnes qualités qu’il possède réellement et à ne pas vous en figurer d’autres en lui qu’il n’a certainement pas. Car, bien que cela passe généralement pour une marque d’amour, cela n’est dans le fait qu’affectation et faux jugement. Il est vrai qu’il lui manque si peu de qualités que vous ne courez pas grand risque de vous tromper de ce côté ; mais mon avertissement est provoqué par une dame de votre connaissance, mariée à une personne de grand mérite, qu’elle a pourtant toujours le malheur de vanter pour les perfections auxquelles il peut le moins prétendre.

Je ne puis vous donner aucun avis sur l’article de la dépense ; je pense seulement qu’il faut que vous connaissiez bien le chiffre du revenu de votre mari et que vous calculiez assez bien pour rester en deçà dans votre part de gestion ; que vous ne