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tres à observer et découvrir de quelle source proviennent les diverses folies des femmes.

Remarquez, je vous prie, quelles créatures insignifiantes c’est que le commun des dames quand elles en ont fini avec la jeunesse et la beauté ; combien elles paraissent méprisables aux hommes, et plus méprisables encore à la partie jeune de leur propre sexe ; et qu’elles n’ont pas d’autres ressources que de passer leurs après-midi en visites où elles ne sont jamais agréables, et leurs soirées aux cartes, entre elles ; tandis que la première portion du jour se consume en fiel et en envie, ou en vains efforts pour réparer à force d’art et de toilette les ruines du temps. Tandis que j’ai connu des dames de soixante ans, auxquelles tout ce qu’il y a de poli à la cour et à la ville adressait ses hommages, sans autre but que de jouir du plaisir de leur conversation.

Je ne connais pas de qualité aimable dans un homme, qui ne le soit également dans une femme ; je n’en excepte pas même la modestie et la douceur de caractère. Je ne connais pas non plus de vice ou de folie qui ne soit également détestable dans tous deux. Il est, à la vérité, une infirmité que l’on vous permet généralement, je veux parler de la poltronnerie ; cependant il semblerait y avoir quelque chose de fort capricieux aux femmes, lorsqu’elles professent leur admiration pour un colonel ou un capitaine, à cause de sa valeur, de s’imaginer que ce soit chez elles une qualité fort gracieuse et fort élé-