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le moyen de supporter la perte, car votre livrée doit toujours faire son année d’apprentissage.

Quand vous arrivez à votre auberge avec les chevaux mouillés et crottés, après une longue traite, et que vous avez très-chaud, dites au palefrenier de les plonger immédiatement dans l’eau jusqu’au ventre, et laissez-les boire autant qu’il leur plaira ; mais ne manquez pas de les faire galoper à toute bride au moins un mille, pour leur sécher la peau, et chauffer l’eau qui est dans leur ventre. Le palefrenier entend son affaire ; laissez tout à sa discrétion, tandis que vous videz un pot d’ale et de l’eau-de-vie au feu de la cuisine, pour vous remettre le cœur.

Si votre cheval perd un fer de devant, ayez soin de mettre pied à terre et de le ramasser ; puis galopez aussi vite que possible, le fer à la main (afin que chaque voyageur puisse observer votre soin), jusqu’au prochain maréchal-ferrant sur la route ; faites-le lui remettre immédiatement, afin que votre maître n’attende pas, et que le pauvre cheval soit sans fer aussi peu de temps que possible.

Quand votre maître couche chez un gentleman, si vous trouvez que le foin et l’avoine soient bons, plaignez-vous tout haut de leur mauvaise qualité : cela vous donnera la réputation d’un domestique soigneux ; et ne manquez pas de gorger les chevaux d’autant d’avoine qu’ils en peuvent manger, tandis que vous y êtes, et vous pouvez leur en donner d’autant moins pour quelques jours dans les au-