Page:Swift - Le Conte du tonneau - tome 2 - Scheurleer 1732.djvu/293

Cette page a été validée par deux contributeurs.
269
de la I. PREDICTIONS

tête : il ne s’agit pas de railler à préſent, mais de me repentir de ces petites Fourberies, comme je le fais du fond de mon ame.

Ainſi donc, repliquai-je, ces Obſervations, & ces Prédictions, que vous avez fait imprimer dans votre Almanac, ne ſervoient qu’à duper le ſot Peupie. S’il n’en étoit ainſi, repartit-il, j’en ſerois moins coupable devant Dieu, & devant les Hommes. Nous avons une Méthode generale pour toutes ces choſes. A l’égard de notre maniere de prédire le Tems, nous en laiſſons le ſoin aux Imprimeurs qui ne font que copier à tout haſard quelques vieux Almanacs. Les Prédictions d’une autre nature étoient de ma propre Invention, & ne tendoient qu’à faire vendre mon pauvre Calendrier. Je n’avois pas d’autre moïen de gagner du pain, pour moi, & pour ma Femme ; car, c’eſt un Métier bien maigre, que celui de rappetaſſer de vieux Souliers. Helas ! ajouta-t-il en ſoupirant, heureux encore ! ſi mes Remedes n’ont pas fait plus de mal aux Hommes, que mes Pronoſtics. Il eſt vrai que j’avois hérité quelques bonnes Recettes de ma Grand-Mere, & que j’ai eu ſoin