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Projet pour l’Avancement

ardens. Avec quelle vivacité, par conſequent, n’entreroit-on pas dans les routes de la Vertu, & de la Pieté, ſi elles menoient infailliblement à la faveur, & à la fortune ?

Si dans nos Armées on mettoit quelques bornes aux imprécations, aux diſcours profanes, à la débauche dont on tire vanité, au jeu exceſſif, & à l’intemperance, je ne vois pas, que les conſequences d’une telle Réforme pourroient être dangereuſes. Je ſuis très-perſuadé, que la corruption n’y ſeroit, ni ſi générale, ni ſi exorbitante, ſi on obligeoit du moins les Militaires à quelque bienſéance extérieure dans leur conduite, ſi leur libertinage n’étoit pas un moïen de s’avancer, & ſi la pieté ne leur ſervoit pas d’un obſtacle preſque inſurmontable, pour faire leur chemin. J’ai été informé par des Officiers d’une très-grande diſtinction, que, dans toutes les Armées des Alliez, il n’y a point de troupes auſſi mal diſciplinées, que les nôtres ; & je comprends fort bien, qu’il eſt impoſſible, qu’elles le ſoient mieux. Les Soldats ont continuellement devant leurs yeux le mauvais exemple de leurs Chefs ; & ils ne ſauroient donner dans