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de la Religion.

dans les emplois ſubalternes, que des gens de mérite, & obligées de faire de pareilles choſes, & par l’exemple de notre Souveraine, & par la crainte de perdre leurs Dignitez ; ne m’avouera-t-on pas, que l’Empire du Vice, & de l’Irreligion, ſeroit bientôt détruit dans notre Capitale, & qu’il chancelleroit en peu de tems dans tout le Roïaume, qui a avec elle de ſi grandes liaiſons, & qui affecte ſi fort d’en ſuivre les manieres ?

Si l’on ſe met une fois fortement dans l’Eſprit, que la Religion eſt un degré neceſſaire, pour parvenir à la faveur & à l’avancement, peut-on comprendre, que des perſonnes devouées à leur leur réputation, & à leur fortune, ôſeroient ſe déclarer contre les maximes, & ſe conduire comme ſi elles les mépriſoient ? Il n’y a point de qualité ſi contraire au naturel de l’homme, qu’il ne ſe l’aproprie, pour ménager ſes intérets, ou pour favoriſer les paſſions dominantes. Le mortel le plus fier devient humble, l’Eſprit le plus farouche s’adoucit, le plus pareſſeux ſe rend induſtrieux & actif, quand il s’agit d’ateindre l’objet de ſes vœux les plus