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l’Aboliſſement du Chriſtianiſme.

ritiens, Toftiens, & Valentiniens, ne ſeroient-ce pas d’aſſez beaux Noms de Parti ? La Faction des Praſini & des Veneti, la plus turbulante qui ait jamais troublé l’Italie, a tiré ſon nom, ſi je m’en ſouviens bien, de quelques rubans de differente couleur. Eſt-ce que chez nous le bleu & le vert ne peuvent pas rendre le même ſervice, & partager auſſi bien la Cour, le Parlement, & tout le Roïaume, qu’aucune Dénomination empruntée de l’Egliſe ? Par conſequent, cette Objection contre le Chriſtianiſme, malgré cette apparence plauſible dont elle nous éblouit d’abord, eſt dans le fond peu de choſe ; & l’Avantage, dont elle nous flatte, n’eſt qu’une pure chimere.

Nos Entrepreneurs ſoutiennent encore, que c’eſt une coutume d’une abſurdité très-ridicule, de louër & de païer une troupe de gens, pour brailler, une fois par ſemaine, contre les methodes, dont on ſe ſert le plus communément, pour ſe procurer de la Grandeur, de la Richeſſe, & du Plaiſir. Cette Objection fait pitié : elle eſt indigne, en verité, des Lumiéres d’un ſiecle auſſi éclairé, que le nôtre. J’en apelle au gout rafiné de