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l’Aboliſſement du Chriſtianiſme.

fonder ſur un principe, que d’autres ont admis, ſavoir, qu’un Officier, capable d’inſulter la Divinité, pourroit bien un jour aller aſſez loin, pour exciter une mutinerie contre ſon Chef, c’eſt en verité ſe méprendre groſſierement. Le Général d’une Armée Angloiſe courreroit riſque d’être fort mal obéï, ſi ſes Soldats n’avoient pas plus de reſpect pour lui, que pour la Divinité.

On objecte encore contre cette eſpéce de Chriſtianiſme dont il s’agit ici, qu’elle oblige les hommes à croire des choſes trop difficiles à comprendre, pour des eſprits forts, & pour tous ceux qui ont ſecoué les préjugez, & qui s’atachent à une éducation bourgeoiſe & ordinaire. Mais, il me ſemble, qu’on devroit être trop prudent, pour faire des objections qui paroiſſent tendre à donner de foibles idées de la Sageſſe de la Nation. Quoi ! n’eſt-il pas permis à chacun d’entre nous de croire tout ce qu’il veut & de rendre public ce qu’il croit, quand il le trouve à propos, ſur-tout quand ſes opinions ſervent à affermir le parti, qui a raiſon dans ce tems-là ? Qu’on me diſe de bonne-foi : Un Etranger, qui liroit les fadaiſes, qui ont été écrites