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Des Livres.

la figure d’Horace ; & elle le plaça devant le Moderne, dans la poſture d’un fuïard[1]. Le Guerrier, charmé d’entrer en combat avec un ennemi qui lui tournoit le dos, pourſuivit cette vaine image, avec vigueur, en l’accablant de menaces, juſqu’à ce qu’elle l’eut conduit juſqu’à la Ferme paiſible de ſon Pere Ogleby[2], par lequel il fut deſarmé, & placé ſur un lit, pour ſe refaire de la fatigue de cette journée.

Pindare tua… &…, & Oldham, & l’Amazone Afra au pied leger[3]. Il n’alloit jamais à l’ennemi, en ligne direc-

  1. Creech a paſſé pour un fort bon Poëte. Il s’étoit acquis de la reputation par une Edition Latine de Lucrece, & ſur-tout par une Traduction du même Auteur, qui fut admirée de tous ſes Compatriotes. Encouragé par ce ſuccès, il entreprit de traduire Horace en Vers Anglois. N’y aïant pas reüſſi, il ſe pendit de deſeſpoir.
  2. Il a traduit Homere & Virgile. L’Auteur l’apelle le Pere de Creech, parce qu’il a écrit avant lui. Par la Ferme paiſible d’Ogleby, on entend le Tombeau.
  3. C’eſt indubitablement quelque Dame Angloiſe, qui s’eſt melée de faire des Odes : il s’en eſt trouvé plus d’une en Angleterre ; & j’ignore qui eſt celle que l’Auteur a ici en vue.