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Bataille

trine eſt un magazin d’ordure & de poiſon : &, quoique je n’aie pas le moindre intérêt à diminuer la proviſion, que vous poſſedez, de l’une & de l’autre de ces richeſſes, je doute pourtant, que, pour les entretenir toujours dans une abondance égale, vous n’aiez beſoin de quelque ſecours étranger. Les exhalaiſons, qui viennent de la Terre, ſuppléent indubitablement aux Vilenies, que vous diſſipez continuellement ; & la mort d’un inſecte vous fournit du poiſon pour en détruire quelque Autre.

Pour ne me pas étendre beaucoup ſur un ſujet auſſi déſagreable, je vous dirai que toute la diſpute entre nous ſe réduit à ceci : Quel Etre doit paſſer pour le plus noble, ou celui, qui, enflé d’un ſot orgueil s’amuſe à une contemplation, qui ne s’étend qu’à l’eſpace de quatre pouces à l’en-tour de lui, & qui, tirant tout de ſoi-même, convertit tous les alimens en excremens & en venin, & ne produit rien qu’une toile ſale & inutile ; ou bien celui, qui, par le moien d’une agitation continuelle, d’une recherche penible, d’une aplication aſſidue, d’un jugement ſolide, & d’un diſcernement délicat, enrichit ſa maiſon de Cire & de Miel ?