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Bataille

fet, comme une perſonne d’une grande Sageſſe : La peſte t’étouffe, dit-elle, double Fille de Chiénne ; c’eſt toi aparemment qui a cauſé ici tout ce Diable de fracas. Ne pouvois-tu pas voir où tu allois, impertinente étourdie, que tu ès ? Crois-tu que je n’ai rien à faire qu’à reparer tes ſottiſes ? Tout doucement, tout doucement, ma grande Amie, répondit l’Abeille qui étoient déja netoïée, & que la ſatisfaction de s’étre tirée des Pates de Dame Araignée rendoit fort diſpoſée à la Raillerie : je vous donne ma parole d’honneur, que de ma vie je ne mettrai plus les pieds dans votre magnifique Palais ; foi d’honnête Abeille, ma curioſité eſt pleinement ſatisfaite. Malheureuſe, repliqua l’Araignée, ſi ce n’étoit pas une coutume inviolable de toute notre illuſtre Maiſon de ne pas ſervir en raze Campagne, pour combattre un ennemi, j’irois t’aprendre à étre plus circonſpecte dans ta conduite. Fi donc Madame ne vous fachez pas, repartit l’Abeille : ſi la colere vous enfle de cette force-là, vous perdrez abſolument tous les materiaux, dont votre centre eſt le Magazin ; & je crois que vous n’en aurez pas trop, pour reparer votre Chateau,