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DU TONNEAU.

ne paroiſſe ſur nous, qui nous donne la moindre reſſemblance avec ce double maraut de Pierre. Je ſerois au deſeſpoir de porter la moindre choſe qui pût faire ſoupçonner dans le voiſinage, que je fuſſe des Parens de ce Diable incarné.

Martin, qui par bonheur étoit alors dans une humeur fort moderée, pria ſon Frere d’avoir ſoin d’épargner ſon habit, puiſqu’il lui étoit impoſſible d’en trouver un autre de cette bonté-là. Il le ſupplia de conſiderer, qu’ils ne devoient pas regler leurs actions ſur leurs juſtes reſſentimens contre Pierre, mais ſur les maximes établies dans le Teſtament. Souvenez-vous, continua-t-il, que Pierre eſt toujours notre propre Frere, malgré ſes Injuſtices & ſa Tyrannie ; évitez autant qu’il vous eſt poſſible, de vous croire innocent ou coupable, à meſure que vous ferez vos efforts, pour le contrarier.

Il eſt certain, ajouta-t-il, que les ordres de notre Pere ſont formels, pour ce qui regarde la maniere de nous ſervir de nos habits ; mais, ils ne le ſont pas moins, par raport à l’affection fraternelle, qui doit regner parmi nous : &, s’il y a quelque précepte dans le Teſtament, dont la trans-