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LE CONTE

Quoi qu’il en ſoit, il eſt certain, qu’ils avoient deux marques, qui les diſtinguoient extrémement de leurs Peres contemporains de Jaſon, & que je n’ai jamais trouvées dans la deſcription d’aucun monſtre, excepté celui dont parle Horace. Varias inducere plumas ; atrum deſivnit in piſcem. Ils avoient effectivement des queues de poiſſon[1] ; & cependant, en certaines occaſions, ils voloient avec plus de rapidité, qu’aucun oiſeau au monde.

Pierre ſe ſervoit de ces Taureaux avec beaucoup de ſuccès. Il les faiſoit mugir quelquefois pour effraïer & pour faire taire les Enfans qui n’étoient pas jolis[2]. D’autres fois, il leur envoïoit faire des commiſſions fort importantes. Mais, ce qu’il y avoit de remarquable dans toutes leurs actions, & que le Lecteur prudent aura de la peine à croire, ils faiſoient voir un amour enragé pour l’Or. C’étoit aparemment un inſtinct, qui étoit paſſé dans toute la race de leurs nobles Ancêtres les Gardiens de la

  1. Sub annulo piſcatoris.
  2. Les Princes qui n’ont pas aſſez de Soupleſſe pour plier ſous l’Autorité du St. Pere.