suite, mère a épousé papa… Quand elle a déménagé, elle a emporté la malle avec elle. Elle savait bien qu’il y avait aussi un sculpteur qui vous connaissait…
— Barral…
— Peut-être ; mais elles étaient brouillées avec Mme Barral ; alors, elle a trouvé que ce n’était pas convenable d’écrire à un jeune homme dont la mère ne voyait plus la sienne… Quelle idée, hein, croyez-vous ! Et puis, elle pensait toujours que vous reviendriez…
— Mon Dieu, mais je suis navrée de vous avoir encombrée comme ça avec mon étourderie…
— Oh ! ça ne fait absolument rien… Mais, au fait, si vous voulez l’emporter, cette fameuse malle ? le concierge pourrait vous la charger sur un taxi ; elle n’est pas lourde… »
J’ai rouvert ce matin — après en avoir fait sauter la serrure — la petite malle de moleskine noire à étiquette jaunie, gardée vingt-sept ans par la scrupuleuse Mlle Bol. J’en ai retiré, le cœur battant, un haut chapeau de paille à ruban écossais, qui fait un effet ahurissant sur ma tête ; puis un corsage de velours vert, baleiné, cousu de trente morceaux, pour le moins ; un mince boa de castor ; un tout petit manchon pareil ; un coussinet de toile écrue qui