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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

les Anglais et les Canadiens. M. Baby mourut en 1796, laissant une puissante fortune à ses onze enfants parmi lesquels trois, Daniel, Antoine et Louis, devinrent officiers dans l’armée anglaise.

Jacques, autre fils de Jacques Dupéron Baby et de Suzanne de Lacroix-Rhéaume, naquit au Détroit en 1762, fit ses études au séminaire de Québec et immédiatement après partit pour l’Europe (1784) ; à son retour, la perte de propriétés que son père venait de subir au Détroit, engagea la famille à traverser au nord de la rivière, et le jeune homme refit sa fortune dans le commerce des fourrures. Élu en 1791, il entra au conseil législatif du Haut-Canada, puis fut nommé au conseil exécutif dont il devint le président. Plein de patriotisme, il protégeait les Canadiens et disait toujours qu’il n’accepterait de charges publiques que dans le but de leur être utile. On le fit juge en 1793. Durant la guerre de 1812, il commanda la milice du district ouest, mais en 1813, la province étant envahie, il dut se réfugier dans le Bas-Canada. À la paix, le gouvernement lui confia le poste important d’inspecteur général qu’il remplit avec grand honneur jusqu’à son décès, le 19 février 1833. De sa femme Eliza Abbott, il avait eu plusieurs enfants : — Jacques, l’aîné, devint avocat à Toronto ; Raymond, shérif du comté de Kent ; Charles et William se fixèrent à Sandwich ; Eliza, sa fille unique, contracta mariage avec l’honorable Charles Casgrain, seigneur de la Rivière-Ouelle, et fut la mère de M. l’abbé H. R. Casgrain, littérateur distingué.

François Dupéron Baby, le plus jeune des fils de Raymond et de Thérèse Lecompte-Dupré, avait fait les campagnes de la guerre de sept ans, et était passé en France avec les troupes, l’automne de 1760. Il revint au Canada (1763) en même temps que Sabrevois de Bleury, Juchereau-Duchesnay, Hertel de Rouville, Boucher de Niverville, de la Chevrotière, de Montesson, de Montizambert et Charrier de Lotbinière. Ce dernier lui aida à entrer dans le commerce de pelleteries où il eut pour associé M. Ellis, et en peu d’années, tout jeune encore, il se vit à la tête d’une belle fortune. Délégué à Londres par ses compatriotes (1772) il contribua beaucoup à éclairer les ministres sur la situation du pays et par conséquent à préparer l’Acte de Québec. Revenu d’Angleterre en 1774, il fut de ceux qui, durant l’été de 1775, pressèrent le général Carleton de mettre le pays en état de défense et on le nomma major des milices de la ville et du district de Québec, Par la suite, il occupa d’autres charges importantes. Deux fois, dit-on il fut sur le point d’être nommé administrateur de la province, mais sa foi catholique l’empêcha de prêter le serment exigé. En 1780 le gouverneur Haldimand le nomma adjudant-général de la milice. Marié (1786) avec M-Anne Tarieu de Lanaudière, il en eut un fils dont nous parlerons ailleurs. Il avait été appelé au conseil exécutif en 1791 et au conseil législatif en 1792. En 1803 sa commission d’adjudant général fut renouvelée, poste dans lequel il fut remplacé, en 1812, par François Vassal de Montviel. Il était seigneur en partie de Bécancour. À sa mort, survenue le 8 octobre 1820, il était âgé de quatre-vingt-sept ans.

Trois officiers du nom de Lorimier, l’un capitaine, l’autre lieutenant et le troisième sergent paraissent être arrivés avec les troupes de France en 1677. Le dernier se nommait Guillaume de Lorimier, sieur de la Rivière, seigneur des Bordes en Gatinois et était né à Paris ; il passa garde-magasin vers 1686 et l’année suivante fut nommé capitaine. Le 27 janvier 1695,