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histoire des canadiens-français
HOMME Marié PROVINCE FEMME ÉTAT Reçoit une terre Tué par les Iroquois Observations
Nom Prénom Surnom Homme Femme Nom Prénom
Tavernier Jean La Rochetière Armurier 1660
Théodore Michel Gilles 1658 Lagrange Jacqueline Maçon 1663
Truffault René Maine
Tupin Simon Mans
Vacher Sylvestre Saint-Julien Berri 1659
Valets Jean Vallays Maine 1650 1660
Valiquet Jean Laverdure 1658 Anjou Maine Loppé Renée Armurier
Vigueux Charles Paris


Nous lisons ce qui suit dans le Journal des Jésuites au sujet de la fête du jubilé : « Le 8 septembre (1653), les Onnontagués voient la procession où il y avait plus de quatre cents fusiliers en bel ordre. » La Relation dit : « On fit marcher quatre cents mousquetaires bien armés qui, faisant leurs décharges de temps en temps, bien à propos, donnèrent de l’épouvante aux Iroquois, qui étaient descendus pour parler de la paix. »

Les Iroquois firent semblant d’être épouvantés — cela ressort de toute l’histoire de cette malheureuse époque. Ces barbares pouvaient mettre deux mille hommes sous les armes, et les Français à peine deux cents, et encore au prix de tels sacrifices que l’abandon du Canada eût été préférable. Les quatre cents « mousquetaires » mentionnés ci-dessus devaient être les Algonquins de Sillery et les Hurons de l’île d’Orléans — parade de sauvages, bande indisciplinée et peu fidèle, dont la valeur se réduisait à zéro en temps de guerre. Si ces quatre cent « fusiliers » eussent eu quelque valeur, on les eût rencontrés, au mois d’août (1653), lorsque soixante et dix Français de Québec et des environs coururent au secours du père Poncet, et les lettres écrites cette même année ne seraient pas remplies de lamentations sur le sort du pays ; et surtout, après l’arrivée des cent hommes de M. Maisonneuve, on n’eût pas proclamé avec tant d’enthousiasme que, par sa seule présence, ce faible détachement sauvait le Canada.

Nous estimons la population fixe, c’est-à-dire les habitants du Canada, été de 1653, à six cent soixante et quinze âmes, distribuées comme suit, dans les trois gouvernements : Québec, 400 ; Trois-Rivières, 175 ; Montréal, 100. Nos calculs sont plutôt exagérés que réduits.

Si la mère de l’Incarnation ne se trompe pas, il y avait, à la même date, « plus de deux mille Français » dans le pays, ce qui correspondrait, en chiffres ronds, à sept cents Canadiens et treize cents Français ; mais il nous paraît impossible que le nombre de ces derniers ait été si grand. Les postes de traite des Trois-Rivières, de Tadoussac et de Miscou n’employaient probablement pas dix personnes chacun. Il y aurait donc eu plus de douze cents Français à Québec ? — et à quoi bon tout ce monde ? Nous sommes d’avis que le texte de la mère de l’Incarnation doit se lire ainsi : « plus de mille Français, » ce qui signifie Français et Canadiens réunis.

Ceux qui se sont occupés de ce genre de statistiques savent combien d’erreurs se cachent dans les documents qu’il faut consulter. Les lettres qui nous restent de ces temps reculés ne sont ni écrites ni