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je suis en train de décider s’il ne vaudrait pas mieux vous raconter ceci ou cela.

Parlons plutôt de ce qui se présente en ce moment sous mes yeux, savoir : mon sac de voyage et mon compagnon de voyage.



Mon sac de voyage n’est point un sac, c’est un panier aux provisions, il loge très-bien entre les varangues de mon canot d’écorce et, Dieu merci, nous ne sommes pas dyspeptique.

S’il m’arrive de manquer un coup de fusil, le guide ne manque pas le sien : de cette manière, le gibier qui nous visite nous trouve toujours à domicile et n’y laisse jamais sa carte.

Mon guide n’est point un vulgaire engagé, c’est un ami, un garçon qui passe sa vie dans les bois, mais spirituel, habile, brave en fou, assez instruit et, comme feu Molière, observateur. Personne ne voit mieux les travers du peuple civilisé, personne ne s’en