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réflexions sur l’art des vers

passant son art curieux et prodigieusement souple :


Les sylphes légers — s’en vont dans la nuit brune
Courir sur les flots — des ruisseaux querelleurs, etc.


Enfin les vers de treize syllabes qu’il cite, de lui également :


Le chant de l’Orgie — avec des cris au loin proclame
Le beau Lysios, — le dieu vermeil comme une flamme, etc.


ne l’ont pas satisfait au point de l’induire à user de ce mètre, sauf par exception et par recherche de tout le possible en versification. L’oreille y répugne par les mêmes motifs qu’au vers de onze syllabes. Quant aux vers plus longs encore, ils l’obligent à une synthèse qui la fatigue ; par suite, elle en traite instinctivement chaque hémistiche comme un vers distinct, et le rappel trop lointain de la rime ne l’en empêche pas.

Il résulte de cette analyse que toute innovation