Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1879-1888.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


V



O vous, sereines créatures
Dont l’humble rang borne les maux,
Rochers, fieurs, forêts, animaux,
Exempts des sublimes tortures.
N’enviez pas sa primauté
A votre noble et tristre maître ;
Si grand qu’il vous puisse paraître
Il porte une plaie au côté.

De tous les vivants de la terre
Le plus partait, le dernier né,
L’homme se sent abandonné ;
Son culte lui reste un mystère.
Tandis que la faux et le frein
Vous font haïr sa tyrannie,
Il épuise, lui, son génie
A découvrir son souverain.

Après qu’il a de mille images
Peuplé d’innombrables autels,
A d’éphémères Immortels
Rendu d’infructueux hommages,