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Quand ici Dieu prépare et permet à l’esprit
L’holocauste de chair où son feu se nourrit ?
N’absous-tu que le tigre ?

faustus

____________________Es-tu tigresse, ou femme ?

stella

Ah ! reconnais mes cris ! mes cris de sœur qu’affame
Un jeûne plus auguste et plus impératif :
L’avide amour des siens dont le tourment plus vif
Arrache une autre plainte au meilleur de son être.
C’est le cœur repentant qu’il s’agit de repaître !

faustus

Quelle angoisse ! Ou faillir à son sublime appel
Ou risquer, fils d’Adam, de réveiller Abel
Pour quelque horrible embûche au meurtre ancien pareille.

stella

Ce n’est plus le serpent qui me parle à l’oreille :
Si le sourire d’Ève offrait tous les malheurs,
Ce sont tous les bienfaits qui germent dans mes pleurs.
La femme est chaste en moi, la mère y sera forte :
Que mon flanc se déchire, et qu’un Abel en sorte !

faustus

Toi ! l’angélique épouse au bonheur exempté
Des poignantes rançons de la maternité,