Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1879-1888.djvu/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

______« Timbre cher ! qu’en mille unissons
______Pleins de secrète poésie
______Depuis si longtemps j’associe
______A tous les musicaux frissons
______De cette atmosphère choisie !

______« Doux timbre ! tu n’es plus d’accord
______Avec les sons qu’elle m’apporte :
______Ils m’émeuvent d’une autre sorte
______Et leur mâle attrait te fait tort :
______L’harmonie entre vous est morte !

______« Car ces voix dont je suis hanté
______Ont l’âpre et noble accent du blâme :
______Leur prière oblige et réclame ;
______Toi, tu berces la volonté
______Et tu verses l’oubli dans l’âme…

______« Mes rêves se sont résolus,
______À ce souffle mâle, en fumée ;
______Ma charité s’est rallumée…
______Hélas ! je ne redescends plus
______Qu’à pas lents vers la bien-aimée. »

Pendant qu’il s’en retourne où le requiert l’amour,
Le silence se fait lentement à l’entour :
La clameur se dissipe en murmure, s’efface,
Puis vaguement expire ; il n’en reste plus trace,