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______Il le proclame, et sur sa tête
______A sa voix le soleil s’arrête
______Mieux qu’à la voix de Josué !
______Le passé sans jalons recule,
______Il le divise : de l’instant
______Il attache au plomb du pendule
______L’aile qui fuit en palpitant,
______Et l’insaisissable durée
______Est prise au vol et mesurée
______Par un signal simple et constant !

______« Dans sa veille longue et sans trêve,
______Arrachant par un puissant rêve
______Leurs lois aux planètes, Képler
______Lègue sa formule profonde,
______D’où jaillit un immense éclair,
______A Newton grand comme le monde !

______« Newton lie entre eux tous les corps
______Par une chute universelle
______Qui dans tout le ciel se décèle
______En y courbant tous les essors !

______« Il meurt cependant, pour revivre !
______Car tout disciple de son livre
______Est de sa gloire le héraut !
______Car d’Alembert, Euler, Clairaut
______Et Lagrange sont de sa race.