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modes divers d’un unique agent capable d’un mouvement variable par lequel divers sens peuvent être successivement affectés. Dans cette conception les agents et forces physiques ne se transformeraient pas, ils seraient identiques. Cette identité est prouvée expérimentalement pour l’électricité et le magnétisme, pour la chaleur et la force dans les changements d’état des corps.

La physique tend ainsi à établir que le monde sensible est composé de forces de même nature que la force humaine. Les corps sont des systèmes de forces qui se manifestent à nous soit par leur résistance immédiate au toucher, soit par l’intermédiaire d’agents qui sont forces aussi et transmettent leur ébranlement aux nerfs ; et ces agents semblent devoir se réduire à deux, l’air considéré comme véhicule du son, et un milieu ou éther affectant par ses divers états nos autres sens.

Le moment n’est donc sans doute pas éloigné où cette science y trouvant la synthèse de ses grandes découvertes, en dégagera une notion simple des causes extérieures de nos sensations, et renversera pour sa part l’hypothèse spontanée d’une matière brute, distincte des puissances qui s’y manifestent.


DE LA MATIÈRE EN CHIMIE




Passons à la chimie, et voyons ce qu’elle a fait de la notion de matière. Fonder une distinction entre cette science et la précédente sur le caractère passager des phéno-