Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/344

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




le poète.



L’âme, c’est le vrai nous, monde proche et lointain
Du monde où le pied marche et la bouche respire,
Espace intérieur, inviolable empire
Qu’un refus du vouloir barre même au Destin.

Nul mineur n’y pénètre avec sa lampe en main,
Aucun n’a sous la terre affronté de nuit pire ;
Dante, qui des enfers a descendu la spire,
N’a pu qu’interroger les âmes en chemin.

Jour levant, ô Science, ô Conscience, étoile !
Que, par vous révélé, tout l’homme se dévoile
Aux yeux de la Justice à peine dessillés !

Seuls flambeaux de la Loi, dissipez l’ombre en elle,
Dans l’esprit qui la guide en même temps brillez,
Et guidez pour l’écrire une main fraternelle.