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le poète.



Une mère varie à l’infini ses soins
Pour l’enfant délicat et pour l’enfant robuste ;
C’est à force d’amour que sa mamelle est juste,
Pressentant le devoir d’allaiter plus ou moins ;

Des indices légers lui sont de sûrs témoins ;
Car ce n’est pas sans but que la Nature incruste
Dans l’albâtre vivant de la poitrine auguste
L’or du cœur maternel qui sait tous les besoins.

Mais il manque à la Loi, ce maternel organe !
Le vrai droit de chaque homme est un intime arcane
Ouvert pour la tendresse et clos pour la rigueur ;

La Loi demeure inique et mauvaise nourrice
Avec des seins égaux où ne bat pas un cœur,
Et son indifférence a l’effet du caprice.