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Que l’épreuve est poignante et que la tâche est rude
D’appuyer sur son cœur la pointe du compas
Qui de l’enfer terrestre, en deçà du trépas,
Mesure chaque cercle avec exactitude !

J’en affronte l’horreur que le sophiste élude ;
Mais peut-être, parti du degré le plus bas,
Verrai-je en m’élevant, conquise pas à pas,
La vérité blanchir les cimes de l’étude !

La Nature peut-être à son dernier devin
Dira : « Ta conscience, universelle enfin,
Peut par mes propres lois me juger et m’absoudre ;

« Je domine, et le joug ne peut pas être aimé ;
Je t’aurais en mépris si, de peur de la foudre,
Ton indignation n’avait pas blasphémé ! »




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