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une voix.



Que la Raison fait le jour triste !
Mais où finit son examen
Quelque chose de grand subsiste :
Le battement du cœur humain.

Si rien de noble ne demeure,
Quand on a criblé l’Univers,
D’où vient en moi le fou qui pleure
Sur des maux qu’il n’a pas soufferts.

Ce fou, plus grand que ma personne,
Des blessures d’autrui saignant,
Qui fait taire, quand je raisonne,
Ma raison même, en s’indignant ?

Ah, crois-moi ! son délire auguste,
C’est du Juge infini l’arrêt !



le chercheur.



L’équité, si l’arrêt est juste,
Même sans Dieu, le dicterait.