nous l’avons dit, du développement inégal de la réflexion chez
les individus. On met en présence des pensées d’une maturité
très différente ; il est impossible qu’elles concordent. C’est ce
fait que nous voudrions étudier d’un peu plus près et suivre
dans ses conséquences.
ous
les hommes commencent à penser spontanément, et
la plupart ne penseront jamais qu’ainsi, c’est-à-dire que
les idées, les jugements, les raisonnements, se forment sans
que l’esprit assiste à leur formation et en prenne conscience.
Comme un pianiste frappe les touches, et, sans avoir besoin
de connaître le mécanisme intérieur de l’instrument, sans
savoir comment se font les notes, les combine et en jouit ; de
même l’homme, en pensant, détermine la production de l’idée
en lui, sans apercevoir l’intime travail de l’intelligence ; il agit
sur des ressorts dont il provoque et attend les effets, mais
dont l’agencement peut lui rester toujours inconnu. Mais il
peut, tout comme le pianiste, regarder dans la machine, la
démonter pièce par pièce pour étudier la nature des
phénomènes qu’il y produit. La pensée dès lors n’est plus spontanée ;
en tant qu’elle observe ses actes et s’en rend compte, elle est
réfléchie. La réflexion dont nous parlons ici n’est pas la
réflexion prise au sens littéraire, qui n’est qu’une concentration
de l’esprit sur l’idée, elle est fort différente de l’attention.