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une voix.



Dors ! Tu sentiras à l’aurore
Je ne sais quel bien-être en toi,
Léger, sublime et sage, éclore,
Fait de gratitude et de foi.

À l’air terrestre, au jour solaire
Ouvrant les yeux et les poumons,
Tu laisseras le ciel te plaire
Et tu diras encore : « Aimons ! »

Car ce monde maudit, tu l’aimes !
Et, si la mort s’offrait ce soir,
Tu renirais tous tes blasphèmes,
Guéri de ton vain désespoir.

On se plaît à rêver qu’on sombre,
En s’endormant sûr du réveil.



le chercheur.



Je crains la menace de l’ombre,
Mais je ne tiens plus au soleil.