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PROLOGUE


 

Les étoiles au loin brillent silencieuses,
Au fond d’un ciel sans lune, éclatantes ce soir,
Comme dans leur écrin les pierres précieuses
Semblent de plus belle eau sur un velours plus noir.

L’âme, simple autrefois, vers le ciel élancée,
Par l’extase et l’espoir les atteignait là-haut ;
Elle en pouvait jouir, comme une fiancée
Choisit les diamants qui l’orneront bientôt.

Mais, en les contemplant, l’âme aujourd’hui soupire :
De ces feux qu’elle observe elle n’attend plus rien ;
Et le rare songeur qui d’en bas les admire
N’a plus les calmes nuits du pâtre chaldéen.