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Nage ainsi dans l’espace, ô mon cheval rapide,
Abreuve-moi d’air pur, baigne-moi dans le vent ;
L’étrier bat ton ventre, et j’ai lâché la bride,
Mon corps te touche à peine, il vole en te suivant.

Brise tout, le buisson, la barrière ou la branche ;
Torrents, fossés, talus, franchis tout d’un seul bond ;
Cours, je rêve, et sur toi, les yeux clos, je me penche…
Emporte, emporte-moi dans l’inconnu profond !