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Car je suis visité par le même génie
Qui court du blé des champs aux ronces des talus ;
Avec tes nourrissons je bois et communie ;
L’immense allaitement, source de l’harmonie,
Je l’ai goûté, ma mère, et ne l’oublierai plus.

Oh ! que j’avais besoin de t’embrasser, ma mère,
Pour mêler à mon pain ton suc universel,
Ton âme impérissable à mon souffle éphémère,
Et ton bonheur fatal à ma libre misère,
Pour aimer par la terre et penser par le ciel !