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ÉPAVES



J’avais cru que le ciel antique
Veillait au salut de ses dieux,
Qu’une déesse de l’Attique
Ressuscitait devant mes yeux.

Mais elle a changé la coiffure
Où la nature épousait l’art :
Son élégance agreste et pure,
N’était-ce qu’un jeu du hasard ?

L’enchanteresse est toujours blonde,
Mais elle a tout à coup cessé
D’évoquer, avec l’ancien monde,
L’idéal dont je fus bercé.

Cette perfide évocatrice
M’a rajeuni, durant un jour,
De deux mille ans ! puis par caprice
Me vieillit d’autant sans retour…