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CONTRASTE



CONTRASTE


Ce pauvre a végété comme une ortie immonde,
Sans mère ni soleil, méchant, triste et battu,
Sans jamais soupçonner qu’il existât au monde
Quelque chose ayant nom l’amour et la vertu.

Maintenant vieux et seul, tout le jour il se couche
Au revers d’un fossé, morne et les pieds pendants ;
Il tend sa main sordide en pleurant d’un œil louche,
Et, juste Dieu ! je crois qu’il prie entre ses dents !