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L’INSTITUT DE FRANCE



D’autres guettent l’essor des humbles cœurs dans l’ombre,
La Charité sauvant l’Espérance qui sombre,
Les belles actions sans éclat pour les yeux ;
Ils poursuivent le Beau jusqu’à sa source même,
Dans la vie atteignant sa dignité suprême,
Dans le mieux aspirant à l’infiniment mieux !

Ô France ! ils ont, ceux-là, pour mission première
D’allier, confondus dans la même lumière,
Les noms les plus fameux, les plus saints, les plus chers.
Leur Compagnie illustre a la garde sacrée
De tes gloires qui sont tes droits à la durée,
Tes titres au respect, plus grands que tes revers.

Ils sont gardiens aussi de ta langue immortelle
Ils en ont la prudente et flexible tutelle.
Ton passé d’âge en âge y fermente et mûrit ;
Mais ils ne souffrent pas que le caprice altère
Ce dépôt qui détient ta verve héréditaire
Où la vertu des mots fait scintiller l’esprit.