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LA NYMPHE DES BOIS DE VERSAILLES



« Comment, à mon appel, tous les arts en ces lieux,
Vouant à l’Idéal un temple harmonieux,
D’un rendez-vous de chasse, abri sombre et sauvage,
Ont su faire, ô prodige ! un rendez-vous sacré
Pour deux peuples unis fièrement, de plein gré,
Par l’attrait mutuel d’un beau nœud sans servage.

« L’Épouse auguste est là : va lui dire en mon nom
Que les Grâces lui font leur cour à Trianon
Comme à leur jeune sœur que le bandeau fait grande,
Le fils des Romanoff m’apporte ses saluts :
Au seuil du palais vaste où je ne brille plus
Il sied que dans tes yeux mon soleil les lui rende !

« Ah ! depuis que la tombe a refroidi mes os
J’ai longtemps médité sur l’emploi des héros,
Mais n’importune pas de ma science amère
Un prince que son sang nous convie à fêter :
Pour bien faire il n’a pas de maître à souhaiter,
J’ai déjà reconnu son modèle en son père.