Je dormais, quand soudain je sentis frémir l’air
Et près de mon côté le sol antique et cher
Tressaillir, et vers moi palpiter le bocage.
Frissonnante à mon tour j’eus un éclair d’effroi…
Mais le buisson s’ouvrit, et l’ombre du Grand Roi
M’apparut souriante et me tint ce langage :
« Nymphe immortelle, écoute et viens à mon secours.
Un couple impérial, espoir des nouveaux jours,
Veut visiter ma gloire embaumée à Versailles.
Je ne suis plus qu’un spectre, un voile éteint ma voix :
Que la tienne, sonore et suave à la fois,
En soit le vif écho dans ces nobles murailles.
« Mes hôtes sont les tiens, prends ma place auprès d’eux
Traduis pour leur couronne et leur race mes vœux ;
De mon règne en exemple offre-leur ce qui dure,
Apprends-leur à quel peuple ils ont tendu la main,
Et quel génie ici, plus que moi souverain,
Plus que moi conquérant, a vaincu la Nature ;