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DESCARTES



C’est un roc peu visible, à peine s’il émerge.
Il est rebelle au soc, ignoré des oiseaux ;
De toute approche encore il est demeuré vierge,
Point gris sur le désert tumultueux des eaux ;

Mais solide refuge, inviolable asile,
Le pied trahi par l’onde y pose raffermi,
Et l’œil qui, pour tout voir, des champs bornés s’exile,
Peut, libre et sans barrière, y sonder l’infini.




Cet îlot solitaire, oublié dans l’espace,
Mais stable et des penseurs perdus espoir dernier,
Témoin persévérant que pénètre et dépasse
Quelque chose d’immense impossible à nier,