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village, et rient et chantent en arrondissant derrière leurs oreilles les boucles soyeuses de leurs cheveux humides.

Maintenant, ne direz-vous pas comme moi, que c’est un digne couvent que le couvent de Santa-Magdelena ; car enfin, figurez-vous une pauvre jeune fille enfermée là avec ses dix-huit ans, ses yeux noirs, et son cœur espagnol qui bat sous son scapulaire.

D’abord à matines, c’est une longue prière dans une église sombre et glacée ; et puis les vêpres, et puis la messe, et puis l’angélus, et puis le salut, et puis que sais-je, moi ? Pour distraction, deux heures de promenade dans le jardin du vieux cloître. Vous savez, un jardin de cloître ? de grands chênes noirs et silencieux, un gazon rare encadré dans des bordures de buis, et du soleil à midi : voilà tout.

Aussi avouez que lorsqu’un jour de fête on a pu s’échapper un moment de l’église pour venir dans sa cellule, le cœur bat d’aise et de joie !

On entre, on ferme soigneusement sa porte, et l’on est chez soi. Chez soi ! comprenez-vous ce mot ? quatre murs nus, mais ils sont blancs ; un crucifix d’ébène au-dessus d’une petite table