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une journée cachée dans un massif, et le soir je vis tomber une autre lettre lancée d’une petite fenêtre cachée par un lierre.

M. de Morville semblait deviner les pensées qui m’agitaient : gaies, si j’étais gaie ; tristes, si j’étais triste ; sombres et désolées, si j’étais sombre et désolée ; ses lettres semblaient l’écho de mes impressions les plus fugitives.

— Comment les devinait-il ?

— En m’observant… il lisait sur mon visage la disposition de mon esprit.

— Il vous aimait bien… — dit Iris d’une voix profondément altérée.

— Tu le vois… Comme moi, M. de Morville regrettait un amour passé… et, chose étrange, fatale !… nos regrets communs ont servi pour ainsi dire de lien entre cet amour passé et notre amour nouveau.

— Vous pouvez aimer… Le prince vous a rendu votre liberté….

— Je le sais… je le sais… mais souvent aussi il est revenu sur ces dures paroles… Que de fois il a passé de la cruauté la plus froide… la plus dédaigneuse, la plus écrasante, à des paroles de tendresse adorable… Mais qu’importe maintenant… ses cruautés et ses tendresses me trouvent insensible… mon amour me donne le courage de les braver… mon amour !… et pourtant ma conscience me reproche d’oublier Raphaël !!! Depuis que j’ai revu M. de Brévannes, il me semble qu’en redoublant de haine