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meilleur mari que vous ne le pensez, car j’ai ramené ma femme à Paris.

— Madame de Brévannes t’aurait peut-être trouvé encore meilleur mari si tu l’avais laissée en Lorraine — dit le domino ; — mais tu es trop jaloux pour cela.

— Vraiment ? reprit M. de Brévannes en regardant le masque avec curiosité — je suis jaloux ?

— Aussi jaloux qu’opiniâtre… c’est tout dire.

— Le fait est — reprit M. de Fierval — que, lorsque ce diable de Brévannes a mis quelque chose dans sa tête…

— Cela y reste — dit en riant M. de Brévannes ; — je méritais d’être Breton. Aussi, beau masque, puisque tu me connais si bien, tu dois savoir ma devise : — vouloir c’est pouvoir.

— Et comme tu crains qu’à son tour ta femme ne te prouve aussi que… vouloir c’est pouvoir, tu es jaloux comme un tigre.

— Jaloux ?… moi ? Allons donc… tu me vantes… Je ne mérite pas cet éloge….

— Ce n’est pas un éloge, car tu es aussi infidèle que jaloux, ou, si tu le préfères, aussi orgueilleux que volage. C’était bien la peine de faire un mariage d’amour et d’épouser une fille du peuple… Pauvre Berthe Raimond ! je suis sûre qu’elle paye cher ce que les sots appellent son élévation — dit le domino avec ironie.

M. de Brévannes fronça imperceptiblement le sourcil ; ce nuage passé, il reprit gaiement :