Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/66

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Mon ami, — dit-elle timidement, — vous savez que votre volonté est toujours la mienne. Donnez-moi vos ordres, je les suivrai. Ce n’est pas pour épier vos actions que j’ai veillé si tard… Je m’étais amusée à mettre ce petit salon en ordre. Cela m’a occupée jusqu’à une heure du matin. Alors, supposant que vous ne tarderiez pas à rentrer, j’ai voulu vous attendre. J’ai sommeillé un peu… Quatre heures sont arrivées sans que je m’en aperçusse. Voilà mon crime, Charles, me le pardonnerez-vous ? — dit-elle en souriant et en levant son angélique regard sur son mari.

M. de Brévannes ne parut pas désarmé.

— Mon Dieu ! — reprit-il, — ce n’est pas un crime que je vous reproche ; il est inutile de prêter un sens ridicule à mes paroles. Je ne suis pas dupe de cette veillée… Vous avez voulu vous assurer par vous-même de l’heure à laquelle je rentrais… Mais vous m’obligerez de ne pas prendre cette habitude. Je n’entends pas que les scènes de l’an passé se renouvellent, et que par vos bouderies et vos airs de victime vous me reprochiez ou ceci ou cela.

— Charles, ai-je jamais dit un mot… excepté….

— Mon Dieu ! — s’écria M. de Brévannes en interrompant sa femme, — certains silences, certaines physionomies sont aussi significatifs que des paroles.

— Mais enfin, Charles, puis-je m’empêcher d’être triste ?