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— Mais vous ne savez pas à quel point ceci m’intéresse…

Laissez-moi parler. Aussitôt pris, aussitôt pendu, comme on dit. Dès que vous avez eu tourné les talons, je suis descendue à pied jusqu’au boulevard Montmartre, j’ai pris l’omnibus de la Bastille ; de la porte Saint-Antoine, je suis arrivée dans l’île Saint-Louis. J’ai commencé, comme de juste, par faire le tour de l’hôtel, à partir de la grande porte située rue Saint-Louis-en-l’Île jusqu’à l’extrémité du mur du jardin qui donne sur le quai d’Anjou…

— Je vous avais surtout recommandé d’observer de ce côté ; il y a une petite porte qui s’ouvre sur ce quai désert…

— Je n’ai rien oublié, soyez tranquille… Mais pour mes premières observations, je devais d’abord m’attacher à la porte cochère… Comme il n’y avait ni café, ni cabaret où j’aurais pu m’établir pour observer, et que, dans les rues désertes, on eût bien vite remarqué ma présence, je descendis jusqu’à la place de fiacres du quai Saint-Paul. J’y pris une petite voiture à l’heure, et baissant bien les stores, j’allai m’embusquer au coin de la rue Poultier, où demeure votre beau-père.

— C’est bon… c’est bon… Eh bien !…

— De là j’apercevais parfaitement la porte de l’hôtel sans être dans la rue ; jusqu’à trois heures je ne vis personne ; les jours sont si courts que j’allais me retirer, lorsqu’une femme, vêtue d’une robe puce et d’un chapeau brun, sortit de l’hôtel