Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quelles les meilleurs ménages n’échappent pas. Vous étiez si content de me savoir complètement, absolument heureuse, que je voulais vous laisser cette illusion ; elle ne nuisait à personne, et j’espérais vous rapprocher de celui que vous jugez trop sévèrement.

— Ma fille, je connais votre faiblesse ; c’est à moi d’être sévère…

— D’être sévère ! — s’écria M. de Brévannes avec un éclat de rire sardonique… — d’être sévère… Ah çà ! est-ce que je suis ici à l’école, monsieur Raimond ? À qui croyez-vous parler, s’il vous plaît ?

— Au bourreau de ma fille…

— Ceci tombe dans l’exagération, monsieur Raimond… vos souvenirs révolutionnaires vous égarent…

— Berthe… emmène cet homme… — dit froidement le graveur.

— Charles, je vous en prie, venez… venez. Mon père, à jeudi… pardonnez-moi de vous quitter sitôt… peut-être reviendrai-je demain, — dit Berthe en voulant à tout prix rompre cette fâcheuse conversation.

— Puisque vous êtes en train de donner des leçons, monsieur — dit M. de Brévannes — dites donc à votre fille qu’il est toujours maladroit de témoigner à son mari de méprisantes froideurs lorsqu’il aurait peut-être le droit d’être jaloux…

— Berthe, que veut-il dire ?