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ton mari, toi et moi, nous ne nous quitterons plus… désormais.

Berthe se jeta en pleurant au cou du vieillard.

Il se méprit sur ce mouvement, sur ces larmes, et pressa tendrement la jeune femme dans ses bras.

— Allons, allons, folle… qu’adviendra-t-il donc des chagrins si la joie t’agite et t’éplore à ce point… — Entre nous — ajouta Pierre Raimond en souriant — je fais le brave, le Brutus, et je suis aussi ému que toi… en pensant que je ne te quitterai plus.

Il passa sa main tremblante sur ses yeux humides.

La position de Berthe était cruelle.

M. de Brévannes, non content d’avoir comblé la mesure de ses torts envers elle, venait encore de lui reprocher durement la modique pension qu’il faisait à son père. À ce moment même Pierre Raimond, abusé par les généreux mensonges de sa fille, s’apprêtait à aller vivre chez M. de Brévannes dans la plus complète intimité.

Berthe avait pu jusqu’alors dissimuler à son père ses chagrins croissants, attribuer sa tristesse à ses regrets de vivre éloignée de lui ; mais les espérances de Pierre Raimond contrastaient tellement avec la scène cruelle qui s’était passée la veille entre Berthe et M. de Brévannes, que la jeune femme resta frappée de stupeur, presque de crainte.

Au lieu d’accueillir la résolution de son père avec la joie la plus vive, par un mouvement in-