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— Moi, puisqu’elle le dit, — reprit la Robin, — je la crois ; si elle est charmée pour une chose, elle l’est pour une autre.

— Dam ! — fil le charretier indécis, — c’est peut-être vrai.

— Il n’y a qu’à voir, — reprit la Robin, — quand on a perdu quelque chose, on n’a qu’à lui dire dans quels environs ça peut être ; elle part dare-dare, avec ses dindes… et elle les force à retrouver la chose, comme c’est arrivé pour la tabatière d’argent du régisseur.

— Et pour la poire à poudre, en cuivre, du garde-champêtre[1].

— Et la petite Bruyère ne serait pas charmée ?

— Pardi !

— Sans compter qu’après elle, pour le bon cœur, il n’y a pas meilleure.

— À preuve que, quand Bête-puante, le braconnier, était traqué comme un loup, c’est elle qui veillait sur lui, et l’avertissait toujours.

— Aussi, voyant qu’on ne pouvait pas le pincer, on l’a laissé tranquille.

— Brave homme, tout de même, que Bête-puante ; on dit que, s’il braconne,… c’est pour donner une pièce de bon gibier ou de poisson frais à un pauvre diable malade, qu’un peu de bonne nourriture réconforterait.

  1. Nous avons été deux fois témoins d’un fait pareil, fait singulier dont on nous a donné cette explication plausible ; — À savoir qu’à la vue d’un objet brillant, reluisant et étrange pour eux, les dindons se rassemblent autour du dit objet, et gloussent avec force.